Fossiles photographiques de toits de Data Center

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Impressions de vues aeriennes de Data Center (Google Maps),
Emulsion photosensible au nitrate d’argent sur moulages de smartphones en ciment, 2020.

Cette série se présente comme une archéologie fictive du smartphone. Ces téléphones pétrifiés de la marque Apple, Samsung, et Huawei, deviennent le support de vues aériennes de toits de Data Center, lieu de stockage de leurs données numériques. 

Les Data Centers sont en effet le lieu où transitent et où sont stockées toutes les informations que nous faisons circuler virtuellement. Points de chute des flux invisibles qui nous entourent, ces usines sont de hangars parsemés partout autour du monde, ils appartiennent à des entreprises privées : Google, Facebook ou encore Apple. Archives non désirées de nos images, ils nécessitent une quantité phénoménale d’énergie pour maintenir les systèmes électriques allumés en permanence et pour refroidir ces gigantesques ordinateurs. Ainsi, les toits sont recouverts de climatiseurs et de systèmes de refroidissement qui ont un impact carbone phénoménal. Vu du ciel, leur ressemblance avec les systèmes de cartes mères électroniques qui se trouvent dans les téléphones est frappante. Ainsi, ces ‘’fossiles de smartphones’’ semblent à première vue être la radiographie de l’appareil, comme s’il s’agissait de son circuit intérieur, tandis qu’il s’agit en réalité du lieu où se trouvent ses données. 

Les images tirées sur les moulages résultent d’un processus de fabrication fastidieux, d’expérimentations physico-chimiques réalisées en chambre noire qui peuvent rappeler les prémices de l’invention de la photographie. Dans le même temps, ces images proviennent de Google Earth, fermant ainsi une boucle conceptuelle où ce qui est montré du doigt est visible grâce à l’invention du logiciel, mis en ligne par l’entreprise que l’œuvre dénonce. 

Cette série est une tentative de rematérialiser les images virtuelles qui circulent en permanence autour de nous et donne à voir la conséquence directe de leur circulation : le stockage non-désiré de nos données, et leur possible commercialisation par ceux qui les possèdent, l’industrie de la machinerie électronique dont la conséquence écologique est catastrophique. Notre passivité face à ces phénomènes découle de leur absence d’existence tangible dans notre environnement visible. Cette série cherche à leur rendre corps, à la mesure de l’impact qu’elles ont sur notre écosystème.

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